Samedi dernier se tenait la clôture de la première édition des Ateliers Mwinda. Plusieurs cinéastes, réalisateurs et cinéphiles on fait le déplacement pour assister à cet évènement qui met en lumière la créativité et le sens de la narration des étudiants et des lycéens du Cameroun.
Samedi 23 janvier dernier, plusieurs personnalités aussi bien politiques que du cinéma camerounais étaient présentes à Canal Olympia Yaoundé pour la cérémonie de clôture des Ateliers Mwinda. Une initiative qui vise à former de jeunes collégiens et lycéens, dans le cinéma. Malgré une année 2020 marquée par la pandémie du Covid19, les Ateliers Mwinda ont su faire preuve de résilience. Ils ont réussi à former 12 jeunes collégiens et lycéens dans le domaine du septième art. A partir de ces 12 jeunes, 6 binômes ont été formés avec pour mission de réaliser des films documentaires de 7 minutes chacun sous le mentorat de plusieurs experts du cinéma.
Cette première édition des Ateliers Mwinda était parrainée par l’ex footballeur international français Lilian Thuram. Le footballeur est revenu sur les raisons de son association à un tel projet en encourageant les jeunes à d’avantage rêver et oser : « Jeunes, n’ayez pas peur d’avoir de grand rêves, n’ayez pas peur de vous tromper». Un raisonnement qui rejoint celui des deux dames derrière ce projet : Osvalde Lewat, photographe et réalisatrice camerounaise et Véronique Cazeneuve, éditrice française. Dans son discours introductif Osvalde affirme « lorsque Véronique Cazeneuve et moi avons pensé mettre sur pied les Ateliers Mwinda, nous étions habitées par la conviction forte qu’il était impératif pour les jeunes, les adolescents d’avoir accès à un espace intellectuel, un espace créatif et artistique qui leur permettra de penser par eux-mêmes. Penser par soi-même et penser contre soi. C’est en pensant contre soi qu’on peut féconder un monde nouveau… Je me souviens de notre émotion à Véronique et moi lorsque les premières images de tournage sont arrivées. Ces images rendaient tangibles et palpables nos longs mois. Ces mois d’inquiétude, ces mois laborieux où on se demandait est-ce qu’on va y arriver? Mais en voyant ces films, tout pour nous s’est trouvé justifié… notre rêve à nous Véronique et moi, mais aussi le rêve des jeunes, qu’on devinait, sans les connaitre, mais intuitivement on savait que ces jeunes-là avaient envie de raconter le monde… »
Les films de la première édition.
Au cœur des légendes.
Le film du duo Moifo Takou et Meko-Nsi Urielle était à l’honneur. Il a reçu le Grand Prix de cette première édition des Ateliers Mwinda. Le film raconte l’histoire de deux reines majeures de la dynastie Bamoun ayant régné pendant une période historique dominée essentiellement par les hommes. Un film réalisé de manière ingénieuse pour palier à l’absence d’archives. C’est le réalisateur Cyrille Masso qui était le superviseur de ce projet.
Le filet de l’espoir.
Un film qui a reçu le Prix de l’espoir. Réaliser par Konde Céleste et Nafissatou Mohamadou sous le monitoring de Françoise Ellong. Le binome a raconté en 7 minutes le combat quotidien de Sarah, 38ans, qui élève ses trois enfants en perpétrant le métier familial qui est très souvent réservé aux hommes ; la pêche. Un film qui est passé à un cheveu du grand prix.
La 36e épouse.
Il a été réalisé par Nzimi Mégane et Alex Ebougue dans le département du Ndé au Cameroun. Ils avaient pour mentor le réalisateur Narcisse Wandji. C’est un documentaire qui parle de Claude Bergeret, française, fille de missionnaire chrétien, qui a épousé le chef Bangangté Francois Njike Pokan. Elle devient sa 36e épouse et ne trouve aucun problème à la polygamie. Il a reçu le Prix de la meilleure réalisation.
La go du benskin.
Ce documentaire a été réalisé par Momha Youmba Ismael et Zidane Yasine sous la supervision d’Agnès Ndibi. Il a reçu le Prix de la diffusion. Les Ateliers Mwinda placé sous le thème de l’égalité homme-femme pour sa première édition ont accompagné ces jeunes dans la réalisation de ce film qui parle d’une mère divorcée, qui brave tous les préjugés et se lance dans le métier de chauffeur de mototaxi communément appelé benskineuse.
L’autre match du football féminin.
A été réalisé par Stéphany Ngwanshi et Eugénie Metala sous le monitoring de Lionel Nname. Ce documentaire parle d’une jeune demoiselle Davila, qui a choisi le football pour métier. Un choix qui au départ n’a pas été bien accueilli par sa famille. Ce documentaire particulier de par son rendu, des émotions et une histoire qui a su captiver l’audience. Il a reçu le prix du jury par la bouche de l’artiste musicienne Kareyce Fotso.
Agro-dreamer.
Le dernier mais pas des moindres a été réalisé par Faith Mbiseh et Clarence Kwamong avec pour mentor Lionel Nname. Ils sont allés à la rencontre de Michelle qui parle de ses ambitions à devenir la meilleure femme dans le domaine de l’agriculture éco ; en améliorant la santé et la croissance des plantes tout en protégeant l’environnement. Ce documentaire a reçu le prix de l’environnement par les Brasseries du Cameroun.
Six documentaires réalisés par de jeunes Camerounais qui n’avaient jamais fait de formation en cinématographie. Ils n’avaient que deux mois pour réaliser ces œuvres. Des novices dans le septième art, qui pourraient bien être une bonne relève pour le cinéma Camerounais. Cyrille Masso, mentor du binôme du documentaire Au cœur des légendes, nous parle de cette aventure « Découvrir des jeunes qui n’ont jamais été en contact avec le métier, c’était pas évident. Donc on a eu la chance d’avoir un groupe whatsapp qui nous permettait de travailler à toutes les heures. Quand ils avaient des questions, ils me les posaient. Je les montrais comment matérialiser leurs idées. J’avoue que ce n’était pas évident parce qu’à un moment ils avaient l’impression que c’est moi qui devais faire le film à leur place. Mais j’ai dû leur expliquer que c sont eux les réalisateurs et moi, je ne suis qu’un accompagnateur. Une fois qu’ils ont compris le principe, la mayonnaise a pris et les choses sont allées d’elles-mêmes. Surtout que leur sujet était complexe ca sollicitait de l’archive, du dessin, de la voix, du texte, c’était vraiment du cinéma complexe donc il fallait qu’ils essayent de maitriser, savoir quand est-ce qu’il faut utiliser quel matériel et pour où … Personnellement, au-delà des Ateliers Mwinda, je vais veiller à ce que, ceux qui ont la vocation de continuer dans les métiers à pouvoir encadrer. Et la chance c’est que les deux ont choisi je pense art du spectacle à l’institut des beaux-arts et la filière cinéma. Je pense qu’on entendra parler dans les prochains jours ».
Des paroles encourageantes pour ces jeunes qui ont choisi pour certains de manière hasardeuse le secteur de l’art et de la culture en participant à cette première édition des Ateliers Mwinda. Vivement la deuxième édition !
Lydie Pierre Nsakamo
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