Responsable de la programmation du festival Écrans Noirs 2020, la réalisatrice Hélène Ebah revient sur la sélection de cette 24 édition édition en cette année marquée par la pandémie du Covid 19.
Interview réalisé le 23 octobre 2020
C’est au siège des Écrans Noirs au carrefour Abbia à Yaoundé qu’Hélène Ebah, responsable de la programmation du festival a accepté de nous recevoir. Elle a tenu à répondre à nos questions tout en donnant de temps à autre une où deux indications à son équipe.
« La culture doit continuer de vivre malgré la Covid »
Ayila : La 24eme édition du festival Ecrans Noirs débute le 31 octobre 2020 avec 81 films sélectionnés. Quelle est l’atmosphère de travail à 10 jours du début du festival ?
Hélène Ebah : Nous sommes en plein mouvement actuellement parce que la grille de programmation doit sortir aujourd’hui en ligne, donc nous sommes entrain de faire les dernières modifications qui s’imposent.
Le festival a décidé de faire de la résistance en cette année où la Covid a mis tout le monde ou presque au sol. Plusieurs festivals n’ont pas eu lieu. Comment la programmation a été influencée par cette situation ?
Nous étions en période de sélection des films quand le problème du Covid est survenu, immédiatement nous avons décidé de repousser la date. Pour un festival tel qu’Ecrans Noirs l’avantage d’un report c’est que ça donne plus temps aux réalisateurs et aux producteurs pour leurs films. Ce qui fait que cette année on a beaucoup de films camerounais de bonne qualité et en ce qui concerne le festival le délégué général, M. Bassek Ba Kobhio, n’a pas voulu faire une année blanche, une décision d’ailleurs saluée par beaucoup d’opérateurs culturels. Je pense que même si à l’impossible nul n’est tenu, la culture doit continuer de vivre malgré la Covid.
Dans cette atmosphère post Covid comment vont être gérées les projections avec les restrictions liées aux mesures barrières.
Cette année le festival se passe entièrement au Palais des Sports de Yaoundé. Une partie des documentaires sera projetée à l’Institut Goethe. Ensuite le nombre de personnes présentes dans les salles pour les projections sera réduit. Plusieurs autres articulations se passeront en ligne à l’instar du colloque. Il y’aura un vote en ligne, le public pourra voter pour la catégorie web-série, le vote se fera sur le site internet des Écrans Noirs. Pour les activités autres que les projections le public pourra les vivre en ligne. Mais pour les projections, nous souhaitons que le public soit présent et nous allons prendre les mesures qu’il faut pour respecter les mesures barrières contre la Covid.
Pour cette édition il y’a 81 films en sélection officielle, longs métrages, courts métrages, documentaires, séries, et même websérie. Vous avez décidé de ratisser large cette année. Pourquoi ce choix et est-ce que ça ne fait pas un peu énorme ?
Non, ce n’est pas énorme, vous savez Écrans Noirs est un festival intercontinental, et on doit pouvoir rassembler toutes les catégories qui créent de l’émulation dans l’évolution du cinéma africain. S’il y’a autant de films c’est parce que le festival est réputé et donc nous avons reçu beaucoup de films et on ne peut pas laisser tout ce savoir-faire de côté. Il fallait qu’on trouve le moyen de montrer ce large éventail de films qui démontrent l’émulation du cinéma camerounais et africain.
Pourquoi ce choix de la websérie pour cette édition du festival ?
Il se trouve que la websérie est un point de départ important pour commencer à raconter des histoires au niveau du cinéma. On peut prendre l’exemple de certains américains qui ont commencé par des websérie et qui ont trouvé des producteurs par la suite pour raconter des histoires à un niveau plus élevé avec une production et une distribution plus adéquate. Donc la websérie c’est vraiment le début d’une émulation cinématographique, c’est comme un éveil, il ne faut pas qu’on oublie que dans un film on raconte une histoire, dans la websérie on raconte des histoires même si elles sont courtes. Et ces histoires touchent des gens parce qu’elles font rire, elles font pleurer. Donc, on ne peut pas dire que la websérie ce n’est pas du cinéma parce que c’est en ligne ou parque ça ne passe pas en salle.
« Aujourd’hui l’Afrique apprend à raconter ses propres histoires »
Et si on parlait des thématiques, quelles sont les grandes thématiques que le festival a voulu porter cette année en sélectionnant et en programmant tous ces films ?
En réalité on n’est pas axé sur une thématique particulière dans le choix des films. Si la thématique d’un film est bien emmenée et qu’esthétiquement le film est de bonne qualité, on est partant…
Mais est ce qu’au regard de l’environnement social qui caractérise l’Afrique en cette période, il n’y a pas un parti pris de la part du festival pour le choix des films ?
Le partie pris c’est que la plupart des films qu’on a reçu, même parmi ceux qu’on n’a pas sélectionné, racontent des histoires de chez nous. Aujourd’hui l’Afrique apprend à raconter ses propres histoires, ce n’est pas cette espèce de copie qu’on voyait avant par rapport aux films américains, on raconte maintenant nos histoires par rapport à notre façon de voir la vie et de vivre notre quotidien. Ça s’était une surprise très agréable de voir que les africains de plus en plus racontent des histoires qui nous correspondent et correspondent à notre environnement, qui correspondent à notre culture à nos coutumes, même si dans la plupart des films on reste dans une certaine modernité des univers de vie, mais dans cette modernité il y’a notre essence qui ressort.
Cette année la part belle est également faites aux films camerounais…
Oui c’est peut-être le bon côté du Covid, parce que ça a permit que les cinéastes camerounais puissent travailler, plusieurs étaient en montage et en post production, le fait qu’on ait repoussé la date a fait que beaucoup de films camerounais puissent être prêts ce qui fait qu’on en a reçu beaucoup et on a juste choisis 10 mais ceux qu’on n’a pas choisi n’ont pas démérité. Il y’a eu de bons films mais ceux qu’on a choisi c’était vraiment des films de bonne qualité. Nous sommes très contents de notre sélection.
Est-ce qu’on peut déjà connaitre les films d’ouverture et/ou de clôture ?
Le film d’ouverture est un film qui n’est pas en compétition, et le film de clôture c’est le film qui sera sacré meilleur film camerounais, donc on ne sait pas encore qui sera le meilleur film camerounais (rire) mais le film d’ouverture c’est .. Bon on le connait mais je ne peux pas encore vous donner le titre.
Propos recueillis par Rostand Wandja
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