Réalisé par Vincent Mbindzou, »Koto et Kengué, les Descendants » est un film Gabonais projeté dimanche 15 octobre à L’institut Français de Yaoundé dans la cadre la première journée de projection du festival Écrans Noirs 2023. Un film rempli de bonnes intentions mais qui laisse sur sa faim.
La bonne intention de Koto et Kengué les Descendants est celle de proposer un film de genre, se voulant fantastique, qui explore le mysticisme et la dimension spirituelle au Gabon. Koto, interprété par Samson Elibigui et Kengué, interprétée par Brenda Ntoka, sont deux héritiers de grands pouvoirs mystiques dont ils sont inconscients. Mais dans le monde spirituels Nganga Mounônô (Mardoché Nguelé) le prophète du mal est conscient de ces pouvoirs et aimerait les récupérer pour avoir la possibilité de venir sur la terre et faire régner la terreur. Mais c’est sans compter sur Tsangavala (Edmond Joël Ntoutoume) le prophète du bien envoyé par Dzembi Afubu le Dieu puissant, qui va user de toutes les ruses pour faire prendre conscience à Koto et Kengué du pouvoir qui est en eux et les pousser à travailler ensemble car les deux personnages ne s’apprécient pas beaucoup. Ainsi résumé, l’histoire a tous les arguments pour être un film captivant surtout que le récit puise dans les réalités mystico-social de l’Afrique et du Gabon. Malheureusement le film de Vincent Mbindzou se plante totalement dans sa dimension artistique et technique.
Si on peut apprécier dans une certaines mesures la peinture que Koto et Kengué les Descendants fait du Gabon en évoquant le phénomène des enlèvements à répétition dans ce pays d’Afrique central et en le liant avec les activités des forces occultes pour s’approvisionner de l’énergie des personnes enlevés, l’histoire quant à elle est tellement disparate qu’on finit par ne plus trop savoir où on va. Le concept de deus ex machina prend tout son sens ici. Le film repose en grande partie sur les dialogues qui sont aussi loufoques les uns que les autres. Mêlé à ça le ton gabonais, on est servi ! La conversation en pensée avec l’envoyé de Dieu dans la forêt sacrée où l’on retrouve des dinosaures (absolument invraisemblables) est anthologique. Le jeu d’acteur, tellement surjoué finit par donner au film une dimension burlesque et comique qui n’était pas certainement l’intention du scénariste qui est à la fois réalisateur, producteur, monteur et chargé des effets spéciaux, rien que ça ! Malgré cela on parvient quand même à s’attacher à ces personnages qui nous disent très souvent ce qu’on sait déjà et qu’on a déjà vu, mais qui dans leur naïveté ou dans leurs quêtes sont tous mus par des intentions sincères.
Le film qui dure 1h39, et soutenue par TV5Monde, ne s’encombre pas de beaucoup de contraintes sur les choix de mise scènes, des cadres, des décors ou des costumes. Mais est rempli d’effets spéciaux digne d’un vrai nanar. Depuis les rêves des protagonistes principaux dans lesquels ils commencent à découvrir leurs pouvoirs en passant par la conversation dans la forêt sacrée avec Tsangavala jusqu’au combat final qui oppose Koto et Kengué à Nganga Mounônô, on en prend plein la vue de ses effets spéciaux si mal exécutés qu’ils font rires tous les spectateurs présents dans la salle. Même si l’aspect comique n’était pas forcément intentionnel, on finit par rire, de manière sincère ou moqueuse, mais on rit. Et on est même emporté par la maladroite histoire d’amour qui nait entre Koto et Kengué.
Le film est une tentative d’exploration des arcanes de la vie mystique au Gabon, on y apprend que Libreville est une porte spirituelle en raison de sa position sur l’équateur. C’est aussi un essai de peinture sociale du Gabon avec en toile de fond de l’histoire principale, les questions de chômages, de promotions canapées, d’enlèvements et d’amitié. On aurait souhaité que le film soit plus abouti mais Koto et Kengué les Descendants a le mérite de proposer quelque chose différent. C’est peut-être ce qui a poussé la programmation du festival à le sélectionner et à le mettre en compétition Afrique centrale. Rendez vous à la clôture du festival pour savoir si les pouvoirs de Koto et Kengué auront été suffisants pour vaincre les autres films en compétition.
Rostand WANDJA
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