La musique urbaine camerounaise a été portée dès ses débuts par des personnes passionnées dans un environnement pas toujours propice. Mais à force de travail et de sacrifices elle a pu s’imposer au fil des années comme un style musical à part entière au Cameroun. Avec Les Mélodies du Mboa, Yannick Mindja nous embarque dans l’histoire de la musique camerounaise depuis ces débuts à nos jours.
Raconter l’histoire de la musique urbaine camerounaise en 85 minutes, c’est le défi du réalisateur camerounais Yannick Mindja qui signe avec Les mélodies du Mboa son premier long métrage documentaire. Une immersion dans la longue et sinueuse histoire de cette musique qui dès le départ est considéré comme une musique de brigands, de rebelles, mais qui aujourd’hui a quasiment damé le pion à des rythmes musicaux classiques camerounais comme le Makossa, le Bikutsi ou le Benskin. La film sera diffusé le 27 décembre en prime time sur la chaine Tv5Monde.
Au fil des interviews des pionners camerounais de ce style musical (Krotal, Louis Tsoungui, Franky Ongodo, Shamak, etc), Yannick Mindja nous emmène à la découverte de l’histoire de cette musique avec les nombreuses anecdotes et les nombreuses découvertes historiques que cela comporte. Le film se donne la mission de ressusciter la mémoire de cette musique autrefois mal vue et qui ne bénéficiait d’aucun accompagnement médiatique. Une situation qui n’empêche pas à l’époque de nombreux jeunes emportés par la passion de s’y investir, de créer des œuvres mémorables et à réunir contre toute attente des milliers de jeunes pour des événements mythiques qu’ils organisent sans aucune aide extérieure. Ainsi naissent des grands groupes (Ak Sang, Bantou Po si, Bantou Klan, C-minaire, etc) et de grands noms (Krotal, Ra-syn, Koppo, Valsero, X-Zafrane, etc).
Les mélodies du Mboa, au-delà de près de 30ans de musique urbaine que le film tente de raconter, c’est aussi beaucoup de musique, beaucoup de clips vidéo qui créent la nostalgie d’une certaine époque. L’équipe du film a réussi à un retrouver un certain nombre d’images d’archives qui donnent du poids à l’œuvre. Le film trouve tout son intérêt dans un contexte où l’histoire de grands mouvement sociaux et culturels africains peinent à être raconté ou est parfois raconté par des étrangers avec toutes interprétations approximatives que cela peut comporter. Le documentaire Les mélodies du Mboa a bénéficié d’une première sortie camerounaise en 2019 à l’Institut Goethe de Yaoundé et est aujourd’hui distribué à l’international par la société Patou films à qui l’on doit le film Roger Milla, La légende (2014) réalisé par Alain Fongue.
Si le film parvient à captiver par la qualité des intervenants, le choix des musiques, la qualité de l’image, le film a quelques limites sur le plan narratif. Le réalisateur reste dans sa zone de confort et ne prend aucun risque, l’histoire tient mais ne surprend pas. Peut-être un parti pris volontaire pour rester dans quelques choses de politiquement correct. Qu’à cela ne tienne le flow musical de l’œuvre parvient à faire oublier certains détails, on finit par passer un bon moment plein de nostalgie. L’œuvre sera certainement très apprécié par les puristes et autres inconditionnels de la musique urbaine camerounaise. Le film sera diffusé pour sa première internationale sur la chaine Tv5Monde le 27 décembre 2020 à 21 Heures et sera rediffusé le 04 décembre 2021 à 13 heures 25. Deux rendez vous à ne pas manquer !
Rostand Wandja
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